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Georges L. ZETER

Georges L. ZETER

« La philosophie nous enseigne à douter de ce qui nous paraît évident. La propagande, au contraire, nous enseigne à accepter pour évident ce dont il serait raisonnable de douter. » Aldous Huxley


Fais 10 vers !

Publié par Georges L. Zeter sur 24 Octobre 2013, 11:51am

Catégories : #Un Con-Pétant!

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Le Parisien : Faits divers : Ils défilent, se ramassent à la pelle ; Solitude. Thomas Ngin, un homme né au Cambodge, employé d’une agence de sécurité se retrouve en procès contre son patron, de +, il a des soucis financier. Il rentre chez lui et avec un drap se pend contre sa porte d’entrée… Il y restera ainsi suspendu pendant 8 ans, momifié, sans que personne ne s’inquiète de sa disparition. C’était en 2005. La dépouille a été découverte que vendredi dernier, octobre 2013… La boîte aux lettres débordait, le téléphone ne répondait plus. C'est la banque qui a lancé les procédures de vente aux enchères de l'appartement en raison des factures impayées. La vente conclue, le nouveau proprio des lieux prend possession de son bien ... Dépouille momifiée incluse. La victime aurait eu 50 ans cette année. Thomas Ngin avait deux frères et deux sœurs, domiciliés en région parisienne.

 

Les faits divers : « Sont, en journalisme, des événements qui ne sont classables dans aucune des rubriques qui composent habituellement un média d'actualité. Il s'agit généralement d'événements tragiques, tels que les crimes, les accidents, les larcins énonçables en trois lignes. Appelés en argot aussi : rubrique des chiens écrasés. »  

 

Faits d’hivers : à Dijon, la dépouille, momifiée  d’un homme handicapé de 58 ans a été retrouvée dans son lit par l’huissier et la police, venus l’expulser à la suite d’une cessation de paiement. Pendant 4 ans, le défunt emporté par mort naturelle est resté allongé sans que personne ne le réclame, prenne de ses nouvelles.

 

- à Rennes, un corps momifié découvert trois ans après le décès suite à un suicide.  Il était âgé de 63 ans.

 

- à Lille : là c’est le recordman : 15 ans !  Un homme est resté mort, momifié dans sa maison d’un quartier résidentiel. « Vêtu d'un pyjama, le propriétaire des lieux a été retrouvé dans son lit, a indiqué le directeur départemental de la sécurité publique lors d'un point-presse. « A priori, l'état des lieux de la maison laisse plutôt penser à une mort paisible, de quelqu'un qui est mort dans son lit » et même on pourrait ajouter qu’il y a été enterré… Dans son lit.

 

« Le chien écrasé » ne fait pas 10 vers et encore moins 10 lignes. Il a rarement un nom, à croire que le métier de journaleux est basé tout d’abord sur une discrétion de pucelle. Ou, peut être ? Par un mépris total envers le quidam anonyme qui ne mérite au mieux que 2 lignes en page 25. Le people débile, le VIP un con tournable, le rich & famous pété de thunes ; ça vaut le panthéon, le père Lachaise, les journaux TV au bas mot ; mais, vous, moi et tous les autres qui sommes la masse, celle qui produit/consomme, paye des impôts ; valons quoi à l’argus de la vie ? Peau de balle mon potto in poto ! Tout juste un cracha sur ta tombe, un cureton qui se gèle et quelques éplorés qui à peine la grille du cimetière franchie t’oublieront en retombant dans leurs trains-trains sourcilleux, leurs 4x4 rutilants et leurs sms rageurs vers leur liste de contacts à QI de 2 chiffres.

 

Gilbert Bécaud dans les années 70 chantait : « La solitude ça n'existe » - Chez moi il n'y a plus que moi, Et pourtant ça ne me fait pas peur, La radio, la télé sont là, Pour me donner le temps et l'heure, J'ai ma chaise au Café du Nord, J'ai mes compagnons de flipper, Et quand il fait trop froid dehors, Je vais chez les petites sœurs des cœurs - La solitude ça n'existe pas !  C’était y’a 40 ans.

Depuis, sous le pont des solitudes est passé des torrents d’égoïsme, de l’écume des jours sans fin, seuls à en crever solitaire entre nos murs glaçés, se momifier et être oublié par ceux qui auraient dus nous aimer. Zont bien joués les grands salopards du tout en haut, là où l’air est raréfiée, là où léna ENA - diviser ce n’est pas seulement régner, c’est aussi organiser la perte du souvenir commun, de tout, de tous. ; chacun pour soi et sauve qui peut !

De manière très large, posez comme moi la question à une classe de gamins de 14 ans sur les 8 millions de morts de la 1ere guerre mondiale ? Ouais, vous allez être sacrement désarçonné ! Des vrais bourrins. Ils/Elles ont pourtant vues partout des monuments aux morts, mais n’arrivent pas à faire le lien… Et surtout, depuis l’avènement de ces saloperies de téléphones portables, où chacun transbahute son petit monde à lui, bien à soi « alors pourquoi se faire chier à rencontrer des inconnus hein ? » à échanger des idées ou encore plus fort et c’est les mots d’une gamine de 10 ans entendus dans le bus « moi, j’m’en bat les couilles »… Alors, ces morts anonymes, ces chiens écrasés par la vie ; ces vieux, ces pas Bo gosses, ces bolos quoi ! Qui s’en bat les c… de nos jours, allo quoi ?

 

Je reviens à la charge, car, j’en avais déjà causé un bout avec l’histoire édifiante de Joyce Carol Vincent, 38 ans, morte depuis 3 ans sur son canapé et oubliée de tous. Une société qui oublie absolument tout ne survira pas, impossible !  Honte à nous de n’avoir pas su transmettre à nos enfants, petits enfants ce socle de connaissance de base… Mais nous étions bien trop occupés à entasser du fric, à spéculer sur l’immobilier, à améliorer nos acquis sociaux, nos retraites, à rester djeune à toute force à coups d’esthétique. Pis, les grands vents venus de la contestation, cracher sur notre jeunesse ignorante, cynique, matérialiste, fainéante et assistée, sur consommatrice, sans cœur et dont 25% votent extrême droite, cathos intégristes, skin head, piercing et clubs échangistes.  Alors les vioques qui flippent votent le Pen afin de tout remettre droit dans le droit chemin. Nostalgie du bon vieux temps mon maréchal, vieillesse écœurante qui s’engouffre dans l’innommé comme chantait Léo. Alors, que d’autres vieux, et ils sont légion sous nos cieux, crèvent comme ça, en en ayant marre de faire les poubelles pour crouter. Quoi de plus normal en ce monde anormal ?

 

Le suicide des « anciens ».  C’est certain ça va pas alimenter la machine à abrutir médiatique. Bon an mal an environ 3.000 personnes de + de 60 ans se suicident.  70% le font à la maison. Il n’est pas calculé ceux qui se laissent mourir de faim et autres calembredaines. Enormément de ces oubliés ont des enfants, une famille.  Mais comme chacun est si occupé… Peuvent crever seul, se momifier et même tomber en cendre.  Il n’y a que se souvenir de la canicule de 2003.  15.000 morts !

Au moins dans le film « Soleil vert » ils avaient une utilité les vieux, une destination ; être transformés en biscuits alimentaires ou pour les plus SPA en croquettes pour Médor ? Ca c’est de la cuisine moléculaire mon chef 3 zétoilés du miches à lin et j’laisse béton.

 

J’vais donc, chers faits divers vous livrer ces 10 vers « d’Alchimie de la douleur » écrit par mon ami Baudelaire, mort lui à Marseille dans l’anonymat.

 

- L'un t'éclaire avec son ardeur,
- L'autre en toi met son deuil, Nature !
- Ce qui dit à l'un : Sépulture !
- Dit à l'autre : Vie et splendeur !
- […] Et qui toujours m'intimidas,
- Tu me rends l'égal de Midas,
- Le plus triste des alchimistes ;
- Je découvre un cadavre cher,
- Et sur les célestes rivages
- Je bâtis de grands sarcophages.

Yes ! comptez bien, y’a bien 10 verres ; à la tienne et amen, à toutes ces morts momifiées, oubliées rubrique « chiens écrasés ».

 

Georges Zeter/Octobre 2013

 

Du même auteur : Rêves d’une vie. Fin

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/reves-d-une-vie-fin-140931

 

Ps : le Gouv a bien crée un organisme qui se nomme le « MOBIQUAL bientraitance », mais c’est encore une usine à gags, pardon, à gaz.

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