Décidément notre époque ne respecte plus rien, quand on s’intéresse à la lauréate 2025, María Corina Machado,[i] il y a de quoi s’interroger sur sa participation à la paix dans le monde par ce membre d’une famille influente vénézuélienne ayant les mains dans énormément de business du pays.
Pétrole, pétrole ! Maria Corina Machado a reçu le prix Nobel de la paix le 10 octobre 2025, pour ses efforts « en faveur d’une transition juste et pacifique de la dictature à la démocratie », tout en ayant participé à deux coups d’état en 2002 et 2019. Elle dédie ce prix à Donald Trump, pour « son soutien décisif ».[ii] Pour rappel, leur ennemi juré commun à ces deux-là est le président Nicolas Maduro, élu depuis 2013, réélu en 2018 et réélu en 2024.[iii] À chaque fois ses élections ont été contestées par l’opposition, « animées » en sous-mains par les U.S, et vilipendées par toute la presse internationale réunie, avec, pourtant aucune preuve directe de tricheries avérées.[iv] Il en était de même pour son prédécesseur Hugo Chavez, qui osait défier directement la Maison Blanche. Deux présidents socialistes qui se sont succédés à la tête du pays fondateur de l’OPEP et dont les réserves pétrolières se classent les premières au monde, avec près de 297 milliards de barils disponibles, soit plus que l'Arabie Saoudite et l'équivalent de 18,2% de tout le pétrole de la planète.[v] 1976 : S’en fut trop pour les compagnies pétrolières américaines, suite à la nationalisation du pétrole vénézuélien. A cette époque Exxon, Mobil, Shell, et Chevron, extrayaient pour leur compte, puis vient la création de Petróleos de Venezuela SA (abrégé en PDVSA)[vi] compagnie public pétrolière appartenant à l'État. Le gros gâteau passait sous le nez des Yankees et autres investisseurs de l’or noir… Et c’est là que les problèmes commencèrent vraiment.
Un sabotage de fond. En remontant au président Rómulo Betancourt (1959-1964) qui entretint des relations alignées avec la politique américaine, jusqu’à Juan Guaidó en 2019, qui après s'être autoproclamé président en janvier et où les États-Unis ont immédiatement reconnu sa légitimité ; l’administration américaine n’a eu de cesse de frapper le pays de sanctions économiques allié à l'Union européenne, au Canada, Royaume-Uni, Suisse, Panama et Mexique. Ces sanctions ont débuté dès l’élection du président Maduro en 2013. Le Congrès américain approuva la « loi publique de défense des droits de l’homme et de la société civile au Venezuela ». Le texte établit la possibilité de prendre des mesures unilatérales coercitives contre le pays dans les domaines économiques, financiers et commerciales. Le 8 mars 2015, le président des États-Unis, Barack Obama, signa l'ordre exécutif 13692 ; ce « décret Obama » considère le Venezuela comme « une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique extérieure des États-Unis ». Conséquences : À partir de 2017, les sanctions économiques des États-Unis interdirent presque complètement au Venezuela l'accès aux marchés financiers internationaux. En novembre 2017, le pays est déclaré en défaut de paiement partiel par les agences américaines de notation Fitch Ratings et S&P Global, ce qui fait qu’il est totalement isolé financièrement. Comme si ce n’était pas suffisant, en janvier 2019, les États-Unis imposaient des sanctions à la PDVSA qui l’empêchèrent d’être rémunéré pour ses exportations de pétrole vers les US et gelèrent aussi 7 milliards de dollars d’actifs américains appartenant à la compagnie nationale. Un étouffement organisé, qui aura pour conséquences de rendre l’argent rare dans tout le pays à part pour la classe des 1% dont fait partie Madame Machado. S’installe des émeutes, des grèves, de la famine, de la délinquance, des tentatives de coups d’état et ainsi le pays devient ingérable. Ce qui fait que la presse occidentale peut dénoncer le climat insurrectionnel, l’insécurité et l’incapacité de Maduro à diriger son pays. Alors, les grands « démocrates » dénoncent, implorent qu’il faut faire quelque chose… Et serrent un peu plus la vis à propos des sanctions.
Le lien entre la prix Nobel et les USA. En avril 2024, le gouvernement américain annonce remettre en place plusieurs sanctions qui avaient été levées à la suite d'un accord entre le gouvernement vénézuélien et son opposition pour la tenue de la prochaine élection présidentielle. Il y a un renouvellement des sanctions qui font suite à l'invalidation de la candidature de María Corina Machado et de sa remplaçante Corina Yoris.[vii] Oui, et c’est là où on voit la collusion entre la lauréate qui briguait le siège de présidente du Venezuela et la Maison Blanche. Car si elle s’installait au palais présidentiel de Miraflores,[viii] le 1er producteur de pétrole serait pieds et poings liés au président Trump. Elle est d’ailleurs favorable à un retour à la privatisation des ressources d’hydrocarbures et de gaz appartenant au pays. Elle a été mêlée à certains événements tentant à renverser par la force le pouvoir en place : en 2002, elle contribue à la création d’un groupe de défense de droits des électeurs, Súmate « Rejoins-nous », qui mena à un coup d’État avorté, au cours duquel Hugo Chavez, président populaire et démocratiquement élu fut détenu et empêché d’exercer son pouvoir pendant 47 heures. L’année suivante, elle est accusée avec d’autres représentants de l’association Súmate de trahison pour avoir reçu des fonds de la part du National Endowment for Democracy (NED)[ix], un Think tank qui « agit comme les « gants blancs » du gouvernement américain. Il s’est longtemps engagé à subvertir le pouvoir de l’État dans d’autres pays, à s’ingérer dans les affaires intérieures d’autres pays, à inciter à la division et à la confrontation, à tromper l’opinion publique et à mener des infiltrations idéologiques, le tout sous-prétexte de promouvoir la démocratie. » Donc, un pedigree qui n’en a que faire des droits de l’homme et autres foutaises démocratiques… Le nœud gordien étant l’or noir.
Voilà, donc, qui a été élu à la place de Donald Trump. (Qui déjà semble être un gag) Une dame depuis toujours à la solde des US agissant contre les intérêts de son pays ; elle est d’ailleurs surnommée par ses opposants "la sorcière démoniaque".[x] Ainsi, coche-t-elle toutes les cases de bonne volonté de soumission à l’état profond : en 2020 son parti politique Vente Venezuela, a signé un accord de coopération stratégique avec le Likoud israélien, dirigé par Netanyahou où elle a déclaré que, si elle était élue, elle transférerait l'ambassade du Venezuela en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem.[xi] Elle supporte l’action unilatérale de Trump qui a fait déployer des navires de guerre dans la mer des Caraïbes pour lutter, selon lui, contre le trafic de drogue en provenance du Venezuela, accusant le dirigeant Maduro d’être à la tête d’un cartel. Voilà, Mesdames, si vous voulez « réussir » il faut donner des gages de souplesse dans la vie, et suivez ce guide, vous obtiendrez, honneurs, prébendes et falbalas…
D’ailleurs, afin de bien cadrer ce qu’elle est vraiment, et c’est un signe qui ne trompe pas, cette flopée de prix et louages à son adresse : prix Nobel de la peace, prix Vaclav-Havel de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe et prix Sakharov du Parlement européen ; fait que plus un personnage public est décoré, plus ont est en droit de s’en méfier, car son vrai talent n’est-il point la reptation ?
Georges ZETER/octobre 2025
Vidéo : Michel colon nous parle du prix Nobel…
https://www.youtube.com/watch?v=nXrzxYXSX0w
[ii] https://fr.timesofisrael.com/nobel-de-la-paix-machado-dedie-son-prix-au-peuple-venezuelien-mais-aussi-a-trump/
[iv] https://www.ouest-france.fr/monde/venezuela/venezuela-la-cour-supreme-valide-la-reelection-contestee-du-president-nicolas-maduro-0a0487e6-60a5-11ef-bec7-8be7cc76b107
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